Ah, la vie (by Xann)
C'est d'un compliqué.
Tout ne va jamais bien. Si ça se passe bien dans un domaine, un autre n'est pas pleinement satisfait, c'est toujours pareil.
Alors, pour rester heureux, de deux choses l'une : soit on finit par avoir un seuil de bonheur plus bas, au fur et à mesure des années, dans un domaine, soit on fait en sorte d'augmenter le niveau moyen en contrebalançant les différents domaines. Ou les deux, à la réflexion.
Maintenant, il paraîtrait que j'ai la réputation d'un éternel heureux. J'imagine qu'en surface, et dans ce que je laisse paraître, c'est le cas. Mais au fond, même avec mes meilleurs amis, j'ai toujours une part que je ne dévoile pas. En général, dans un groupe, j'adopte le rôle du bouffon, gai lurron sarcastique mais dont tout le monde se moque sans arrière pensée, du coup. C'est un rôle qui me convient, et que j'adopte de moi-même, donc je ne m'en plains pas.
Ceci dit, c'est quand même reposant d'avoir quelqu'un avec qui on peut être totalement soi-même. Une espèce de havre auprès de qui on peut se laisser aller à être vulnérable sans peur, avec qui parfois on se clash, mais avec qui on a besoin de rien prouver, simplement d'être. Quelqu'un qui sait écouter sans juger, réconforter quand il y a besoin, botter le train quand il faut. Ouvrir les yeux sur nos bêtises, aussi.
Quelqu'un qui partage une partie au moins de nos goûts, qui sait apprécier ce qu'on lui fait découvrir, qui a la culture nécessaire pour appréhender certains sous-entendus pas forcément accessibles, mais qui pour autant est capable de nous faire découvrir des choses, d'élargir nos horizons. Quelqu'un, enfin, qui sache ce qu'on pense sans qu'on le dise forcément.
Et puis, de manière plus terre à terre, quelqu'un à câliner, qui nous câlinera, et avec qui on peut passer des heures simplement en se tenant dans les bras l'un de l'autre, quel que soit l'endroit, pourvu qu'on est à deux.
Il fut un temps, j'avais ce genre de personne dans ma vie. C'était agréable. Et puis, je me suis habitué, j'ai pris pour acquis ce que j'aurais du reconquérir tous les jours. Je suis devenu moins attentionné, plus négligent, plus exigeant. Moins à l'écoute, plus en demande. Elle, de son côté, se lassait. La distance la fatiguait, l'attente lui pesait.
Un jour, un Autre est venu. Elle lui plaisait. Il était sympa, charmeur, présent. J'étais loin, je lui prêtais moins d'attention, j'étais moins patient.
Au final, je suis seul, elle est heureuse avec son homme. Je suis content pour elle, sincèrement. Mais le fait demeure, je me sens seul. Et je suis pour ainsi dire aussi expérimenté qu'un nouveau né dans le traître domaine que constitue cette quête de l'autre moitié.
La vie professionnelle est géniale. Pas parfaite, rien ne l'est jamais. Mais, vraiment, pleinement satisfaisante. Et pourtant je n'y fait pas la moitié des efforts que j'ai un jour consenti pour ma moitié.
La vie est compliquée, pleine de contrariété. Belle quand elle nous sourit, terrible quand elle pleure. D'aucuns disent que c'est une salope. Je dirais qu'il faut savoir la regarder du bon oeil.